Devoir du 29 novembre

Devoir sur 30 points en trois parties.

I – Exercice d’argumentation. L’amour est-il possible sans justice ? (10 points)

Développez une réponse argumentée en 10 ou 15 lignes. Cet exercice peut être fait à la maison, donc être déjà rédigé le jour du DS.

Sens de la question. L’amour désigne ici l’amour au sens strict, les relations amoureuses au sein du couple, ou bien, dans un sens plus large, l’amitié et les relations au sein de la famille. Il s’agit donc de réfléchir au rôle de la justice dans la communauté amoureuse, amicale ou familiale (les trois pouvant servir d’illustration). Cela implique de réfléchir au sens de la notion de justice, une notion relative aux relations qui s’établissent entre les hommes.

II – Exercice d’argumentation (10 points).

La question sera donnée le jour du DS. Elle portera sur un thème du Gorgias de Platon et appellera également une réponse argumentée en 10 ou 15 lignes.

III – Exercice de lecture (10 points)

Il s’agira de répondre brièvement à quelques questions portant sur le Gorgias de Platon.

Quiconque n’apportera pas son livre aura d’office zéro. Les excuses, les téléphones portables et les absences non justifiées ne seront pas tolérés.

DS du vendredi 6 octobre

Le devoir sera noté sur 4o et comprendra quatre parties. La première partie est notée sur 12 points ; la deuxième sur 10 points; la troisième sur 8 points et la quatrième sur 10 points. Pour la première partie, ainsi que pour la troisième, les questions sont connues à l’avance. Vous pouvez donc préparer vos réponses mais il faudra les garder en mémoire, car vous n’aurez droit à aucun document. Pour ce qui est de la deuxième partie, le thème est connu (liberté d’expression et vérité), mais pas la question, une question de réflexion à laquelle il faudra répondre sous la forme d’un parti-pris argumenté. La quatrième partie est relative à la lecture du Gorgias : vous découvrirez les questions le jour de l’épreuve.

Première partie (12 points)

Lire de texte de Gérald Bronner et se préparer à répondre aux quatre questions ci-dessous.

Répondez à l’aide du texte à ces quatre questions :

1 – Quel privilège les habituels « diseurs de vérité », journalistes ou experts, ont-ils perdu ? Quelle est la cause de cette transformation ?

2 – Quels sont les phénomènes qui montrent que la facilité et l’égalité d’accès à l’information sur Internet ne favorisent pas nécessairement le progrès de la rationalité et la diffusion universelle de la connaissance ?

3 – « La vérité peut se débrouiller toute seule » : quel est le sens de cette affirmation ? Pourquoi cette formule fut elle reprise et érigée en slogan par les militants de l’usage de l’Internet à ses débuts ?

4- Comment s’expliquent la multiplication des fausses informations et l’efficacité de leur diffusion dans la société actuelle ?

Deuxième partie (10 points)

Une question sur les rapports entre liberté d’expression et vérité. Une réponse argumentée en 10 ou 15 lignes sera exigée. Préparation : outre le texte de Bronner, prendre connaissance des arguments en faveur de la liberté de communication hérités des Lumières.

Troisième partie (8 points)

Faut-il une loi pour protéger la vérité scientifique contre le climatoscepticisme ? Présentez le problème et Justifiez votre réponse en vous servant des éléments ci-dessous (10 à 15 lignes)

Le projet

Une association de journalistes, QuotaClimat, et un groupe de réflexion, l’Institut Rousseau ont conçu le projet d’une loi susceptible de protéger la vérité scientifique du traitement de la question climatique par les médias et les réseaux sociaux. L’objectif est de réformer l’ARCOM (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et du numérique), l’organisme qui veille à l’application du droit dans les médias et sur internet. Le projet comprend 9 articles, dont celui-ci (article 3), qui vise à confier à l’ARCOM le soin de veiller à la protection de la vérité scientifique : « l’Autorité de régulation […] veille, notamment, auprès des éditeurs de services de communication audiovisuelle, […] à ce que la programmation reflète le consensus scientifique, en particulier la nature anthropique du dérèglement climatique » Un autre article exige des médias qu’ils consacrent 20% des débats à la question du changement climatique durant les périodes électorales. Ce projet intéresse un groupe de députés qui réfléchit actuellement à l’éventualité et aux modalités de sa mise en œuvre.

L’objection

Même s’il n’est pas question de censure mais de lutte contre la désinformation, la perspective d’une mise sous tutelle de la liberté d’expression au nom de la vérité et de l’intérêt général peut inquiéter. Le sociologue Laurent Cordonier, directeur de la fondation Descartes sur l’information et le débat public, n’est pas favorable, pour sa part, à une loi : « Même si la liberté de la presse n’est pas illimitée, notamment dans la loi de 1881, il faut être très prudent quand on y touche. Je ne suis ainsi pas sûr qu’il soit judicieux d’imposer à des médias un quota de temps à accorder à un sujet ou à un angle dans la façon de le traiter. » Légiférer sur cette question est d’autant moins nécessaire, selon lui, que «les médias sont en train de monter en compétence sur le sujet, avec une forme d’autorégulation de la profession qui va plutôt dans le bon sens». Considérant par ailleurs que les climatosceptiques sont également adeptes, souvent, du complotisme, «adopter une loi qui serait interprétée comme imposant une ligne aux médias ne ferait que nourrir ce sentiment».

Qu’est-ce que le climatoscepticisme ?

L’expression « climatoscepticisme » désigne les argumentations pseudo-scientifiques, servant certains intérêts économiques ou politiques, qui contestent le consensus scientifique sur la thèse selon laquelle le changement climatique est d’origine humaine.

Voici comment un article récent du journal Le Monde (Le climatoscepticisme, anatomie d’une mauvaise foi, 29 mai 2023) présente le discours dit « climatosceptique » :

« Démonter l’argumentaire climatosceptique s’apparente ainsi à un travail de Sisyphe. Il répond à la loi de Brandolini, bien connue des observateurs du monde de la désinformation, selon laquelle prouver l’absurdité d’un baratin se révèle bien plus coûteux en temps et en énergie que de le produire. Il suffit de quelques secondes d’ignorance satisfaite pour écrire qu’en 2023 il aurait neigé pour la première fois en Arabie saoudite, contrairement aux prédictions alarmistes sur le réchauffement climatique, comme se sont empressés de s’y employer de nombreux contempteurs de la science. Mais il faut se retrousser les manches et creuser l’histoire météorologique de la péninsule Arabique pour comprendre que les épisodes neigeux sont loin d’y être rares dans son Nord montagneux, et que leur fréquence croissante n’est peut-être pas sans lien avec le dérèglement des courants d’air polaire.

Mais ce serait tomber dans le piège de la rhétorique climatosceptique que de se contenter d’en éplucher les arguments un à un pour en montrer les imprécisions, les non-sens et les inepties. Il faut revenir à l’image d’ensemble, et souligner ce qui signe de manière bien plus caractéristique sa malhonnêteté : ses démonstrations sont totalement incompatibles entre elles. Le tableau n’est pas sans rappeler l’histoire du chaudron, sophisme immortalisé par Sigmund Freud : accusé d’avoir rendu un chaudron troué à son propriétaire, un homme dément le lui avoir emprunté, argue qu’il était de toute façon déjà troué, et soutient qu’il l’a rendu intact. « Chacune des objections prise séparément est bonne pour elle-même mais, mises ensemble, elles s’excluent mutuellement », relève le fondateur de la psychanalyse dans L’Interprétation des rêves.

Il en va du même du discours climatosceptique. Un pourfendeur du consensus scientifique peut défendre à la fois l’idée qu’il n’y a pas de réchauffement climatique, que celui-ci s’est interrompu en 1998, qu’il n’a rien d’anormal à l’échelle de la planète, et que les activités humaines n’en sont pas la cause, autant d’arguments qui s’excluent les uns les autres. Or, ce sont les mêmes personnes et, sur les réseaux sociaux, les mêmes comptes qui diffusent indifféremment ces mêmes messages – parfois dans la même journée. Sauf que, à la différence du sophisme cité par Freud, la rhétorique antiscientifique ne tient ni du trait d’esprit ni de la logique onirique. Elle signe au contraire une démarche très consciente, consistant à miner le consensus scientifique par tous les moyens possibles. C’est du moins l’une des hypothèses qui s’imposent naturellement. Aujourd’hui, certains acteurs cachés derrière des pseudonymes débitent des propos dont la sophistication et la mauvaise foi suggèrent une campagne organisée de désinformation. (…) Autre piste d’explication, guère incompatible, des arguments conçus à des époques différentes se sont agrégés. Le discours climatosceptique des années 1980 tendait à nier la réalité du dérèglement climatique ; aujourd’hui, face à l’indéniable, il cherche plutôt à contester son origine anthropique, autrement dit liée à l’activité humaine. Au lieu de s’être succédé, ces différents arguments continuent de circuler aujourd’hui en parallèle, comme autant de strates d’enfumage.

Enfin, le public climatosceptique a changé : comme l’a montré, fin avril, une étude de la Fondation Jean Jaurès, il ne s’agit plus d’experts en marge mais de citoyens imprégnés de défiance, complotistes, antivax et poutinolâtres. Or, le conspirationnisme s’accommode fort bien des discours contradictoires. Ainsi que l’a mesuré une étude de 2012, ceux qui croient que Lady Di a été assassinée sont les mêmes que ceux qui pensent qu’elle est encore vivante. Dans sa dystopie, la pensée complotiste accorde plus de crédit à deux contre-discours antithétiques qu’à une supposée vérité officielle. Le climat est aujourd’hui la victime collatérale de ce confusionnisme-là : dans un monde où, par principe, le consensus scientifique serait un mensonge, il devient tragiquement héroïque d’affirmer tout et son contraire. »

Quatrième partie (10 points)

Questions sur les 40 premières pages du Gorgias (Platon): lire de la page 121 à la page 164 (édition GF-Flammarion).