Comment commencer ?

Le programme et l’épreuve de philosophie

Le programme du philosophie en terminale est composé de dix-sept notions pour la voie générale et de sept notions pour la voie technologique.

Notions pour la voie technologique : L’art, la justice, la liberté, la nature, la religion, la technique, la vérité.

Notions pour la voie générale : l’art, le bonheur, la conscience, le devoir, l’Etat, l’inconscient, la justice, le langage, la liberté, la nature, la raison, la religion, la science, la technique, le temps, le travail, la vérité.

L’épreuve de philosophie se présente sous la forme d’un choix entre trois sujets : deux des trois sujets sont des questions de dissertation; le troisième est un texte à commenter, accompagné de questions dans la voie technologique. Pour choisir le sujet, Il faut : 1) choisir entre deux types d’exercices différents (dissertation ou commentaire de texte); 2) choisir entre trois problèmes distincts (chaque sujet correspond à un problème spécifique). Les sujets 2025 : pour la voie générale ; pour la voie technologique.

Les sujets sont choisis parmi des dizaines de questions et des centaines de textes possibles. Il faut donc se préparer sans savoir à quels sujets s’attendre. Le but n’est pas de vous faire réciter des connaissances mémorisées (même s’il est utile d’avoir des références et des définitions en tête). Comme l’écrit le philosophe allemand Emmanuel Kant : « On n’apprend pas la philosophie. On apprend à philosopher. » L’exercice de la dissertation vise à tester votre capacité à vous débrouiller pour construire un problème et développer une argumentation à partir d’une question dont le sens est au premier abord énigmatique.

Le commentaire de texte teste les même compétences, mais sur la base d’une approche un peu différente. La connaissance de l’auteur n’est pas requise. On ne vous demande donc pas de faire un exposé sur l’auteur, son œuvre ou les quelques idées que vous connaissez de lui. Vous devez montrer votre capacité à lire correctement un texte que vous n’aviez jamais lu avant, votre aptitude à repérer le thème (de quoi est-il question ?) la thèse (quelle est l’idée principale ?), la question à laquelle il répond (quel est le problème ?), l’argumentation mise en oeuvre pour justifier la thèse. Idéalement, il faudrait pouvoir expliquer en quoi la question à laquelle répond le texte est un problème philosophique, en montrant que la thèse est susceptible d’être discutée et qu’il existe d’autres réponses possibles que celle de l’auteur à cette question (un problème est une question à laquelle il y a plusieurs réponses possibles susceptibles d’être justifiées mais aussi de se contredire).

Comme pour la dissertation, on attend de vous moins un exposé de vos connaissances qu’une réflexion bien conduite, sans a priori, ordonnée et cohérente. Un minimum de culture générale et de culture philosophique est toutefois requis pour interpréter le sens des questions de dissertation ou des textes à commenter. Le travail effectué durant l’année a pour but de vous permettre d’aiguiser autant que possible votre aptitude à identifier, distinguer et comprendre les problèmes philosophiques ainsi que votre capacité à analyser ou produire une argumentation. Il importe de ne pas être obsédé par la méthodologie : il faut simplement essayer de faire preuve de bon sens et de suivre le mouvement naturel de la pensée.

 

Plan du cours

En bleu : les exemples de questions de dissertation qui se rapportent aux notions du programme de la voie technologique.

Le véritable contenu du cours est constitué moins par les notions du programme que par les problèmes dont les questions de dissertation sont les formulations. Ces problèmes peuvent être classés, suivant le programme officiel, en trois grandes perspectives : l’existence humaine et la culture; la morale et la politique; la connaissance. Ces « perspectives » correspondent à peu près aux grandes questions de la philosophie telles que les a présentées le philosophe allemand Emmanuel Kant. Selon celui-ci, la philosophie dans son histoire a traité trois grandes questions, des questions qui relèvent de sa compétence propre : 1) Que puis-je savoir ? 2) Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Ces trois questions se récapitulent et sont englobées dans une grande question générale : Qu’est-ce que l’homme ? Je propose pour ma part de distinguer six grandes catégories de problèmes, lesquelles recouvrent l’ensemble des domaines d’investigation de la philosophie : l’anthropologie (l’étude de l’homme), qui est une théorie de la nature humaine et des rapports entre nature et culture, la théorie de la connaissance, qui étudie notre rapport à la vérité et la méthode pour distinguer l’erreur de la vérité, notamment la méthode scientifique, la sagesse, c’est-à-dire la doctrine du bonheur ou du sens de la vie, la morale, qui est la doctrine des devoirs de l’homme, la politique, qui intérroge les rapport entre l’Etat et la justice, et enfin l’esthétique, dont l’objet est de concevoir les critères de l’évaluation des oeuvres d’art et de l’activité artistique.

L’anthropologie (L’existence humaine et la culture)

Cette perspective se rapporte aux notions et problèmes relatifs à la question générale : Qu’est-ce que l’homme ? La philosophie est une anthropologie, une réflexion sur la condition humaine, une étude de la nature humaine. En un sens, tous les problèmes, et donc toutes les notions, se rapportent à ce grand problème qui les récapitule tous. On inscrira néanmoins plus précisément dans cette perspective les questions qui engagent la réflexion sur la différence homme/animal, la réflexion sur le rapport nature/culture : toutes les notions peuvent cependant être mobilisées par cette réflexion sur les facultés (raison, langage, conscience, liberté), idéaux (vérité, justice, liberté et bonheur), et activités (technique, art, politique, religion) qui font apparaître une différence entre la condition humaine et la condition animale.

L’homme fait-il partie de la nature ?

La nature fait-elle bien les choses ?

Pourquoi refuse-t-on la conscience à l’animal ?

Le langage permet-il de distinguer l’homme de l’animal ?

Liberté et déterminisme

La notion de libre-arbitre (un des sens possibles de la notion de liberté, donne lieu à l’un des débats philosophiques les plus important concernant la nature humaine : le débat entre liberté et déterminisme. Ce débat concerne donc au premier chef l’anthropologie (la question « Qu’est-ce que l’homme ?), mais aussi, on le verra, la morale, le droit, la sagesse et la connaissance. Compte tenu de sa complexité, ce problème fait l’objet d’un traitement spécifique, qui implique les notions de conscience et d’inconscient.

Suis-je responsable de ce dont je n’ai pas conscience ?

Expliquer, est-ce justifier ?

L’hypothèse de l’inconscient est-elle conciliable avec la croyance au libre-arbitre ?

Peut-on se libérer de sa culture ?

Le libre-arbitre est-il une illusion de la conscience ?

La théorie de la connaissance

Cette perspective inclut toutes les questions qui engagent non pas notre rapport aux valeurs (au devoir-être) mais notre rapport à la connaissance de ce qui est (la connaissance de la réalité). Longtemps, science et philosophie se confondaient, la connaissance de la nature (comprenant celle de l’homme) n’étant qu’une partie de la philosophie, au service de l’éthique (la recherche de la vie bonne ou de la sagesse), elle-même considérée comme la finalité de la connaissance. Aujourd’hui la réflexion sur la connaissance vise principalement à délimiter les frontières entre les différents domaines de la pensée (science, morale, religion), à expliciter la méthode scientifique (esprit critique, théorie et expérience) et à évoquer les dilemmes de la rationalité scientifique (rôle de l’inné et de l’acquis, différence entre sciences de la nature et sciences humaines).

La vérité peut-elle être provisoire ?

Dire que la vérité est relative, est-ce dire qu’il n’y a pas de vérité ?

Reconnaître la vérité, est-ce renoncer à sa liberté de penser ?

Peut-on être indifférent à la vérité ?

Comment puis-je être sûr de ne pas me tromper ?

Peut-on penser par soi-même ?

La diversité des opinions rend-elle vaine la recherche de la vérité ?

Douter, est-ce renoncer à la vérité ?

Faut-il toujours croire ce que l’on voit ?

Sommes-nous prisonniers du langage ?

N’y a-t-il de vérités que scientifiques ?

Peut-on vérifier une hypothèse scientifique ?

La science peut-elle prévoir l’avenir ?

Peut-il y avoir une science de l’Histoire ?

Peut-on connaître l’inconscient ?

Quelle est la valeur de la science ?

La raison peut-elle tout expliquer ?

La sagesse

Le programme de philosophie « oublie » une perspective pourtant essentielle dans l’histoire de la philosophie, une perspective que la philosophie et la religion ont en commun : la question de la sagesse ou du bonheur, non réductible aux problèmes de la morale et de la politique. Une sagesse religieuse ou philosophique est une réponse à la question : Que m’est-il permis d’espérer ? C’est-à-dire une réponse au problème de la mort : « Philosopher, écrivait Platon, c’est apprendre à mourir ». Pour les Anciens (on nomme ainsi les philosophes de l’antiquité, principalement Grecs ou Romains), la finalité de l’activité philosophique était explicitement la recherche du Souverain Bien. Le Souverain Bien est la fin par rapport à laquelle tout le reste n’est que moyen, la fin en soi. Selon les Anciens, cette fin, pour tout homme, pour le sage comme pour « l’insensé » (l’imbécile), est le bonheur. On désire être heureux pour être heureux, non parce que le bonheur est un moyen utile pour obtenir autre chose. Le bonheur est cependant un problème, car nos désirs et nos espoirs s’avèrent souvent être des illusions, et parce que le malheur semble inévitable, ne serait-ce qu’en raison de la finitude (tout a une fin, y compris la vie elle-même, qui est relativement brève). La finalité de la philosophie pour les Anciens étaient de définir, sur la base d’une connaissance lucide de la nature humaine, une « éthique », c’est-à-dire une doctrine de la bonne manière de vivre pour vivre heureux, « comme un dieu parmi les hommes », selon la formule d’Epicure. La notion d’éthique étant aujourd’hui un synonyme de « morale », on peut s’en tenir au terme de « sagesse » pour désigner la visée de l’enquête philosophique au sujet du bonheur. En dépit de l’oubli de cette perspective, certaines notions du programme (le bonheur et le temps notamment, mais aussi le travail et la liberté) induisent des questions de dissertation qui s’y rapportent. On peut ajouter que la question de la sagesse (ou du salut) constitue le coeur du débat entre la philosophie et la religion, deux voies distinctes, la raison et la foi (selon que l’on s’autorise ou non un discours sur « l’au-delà » de la vie terrestre de l’individu), s’offrant pour répondre à la question de l’espérance.

Bonheur et sagesse

Le bonheur est-il une question de chance ?

Faut-il satisfaire tous ses désirs pour être heureux ?

L’homme s’accomplit-il par le travail ?

Le bonheur est-il un idéal égoïste ?

Le bonheur est-il le bien suprême ?

Faut-il préférer la vérité au bonheur ?

Temps et sagesse

Sait on vivre au présent ?

Peut-on espérer échapper au temps ?

Faut-il renoncer au désir d’immortalité ?

Liberté et sagesse

Peut-on avoir peur d’être libre ?

S’engager, est-ce perdre ou affirmer sa liberté ?

Morale et politique

Quoique cette notion ne soit pas au programme, on peut considérer que cette perspective regroupe toutes les questions relatives à la responsabilité : responsabilité morale la personne (vis-à-vis de lui-même, d’autrui, de ses concitoyens, de l’Etat, de la nature, de l’animal, de Dieu), responsabilité de l’Etat, de l’homme d’Etat, du législateur, du juge, du peuple et du citoyen. A la différence de la science, la philosophie est une réflexion sur le devoir-être, c’est-à-dire sur les valeurs ou les idéaux qui animent les hommes. Elle vise à guider l’homme cherchant à répondre à la question : Que dois-je faire ? La philosophie morale est une enquête sur le fondement qui donne son sens à la responsabilité morale. Ce n’est pas un problème pour la religion (le fondement est la volonté ou la loi de Dieu), mais ç’en est un pour la philosophie, puisque celle-ci part de l’esprit critique, c’est-à-dire du doute méthodique, tandis que la morale a besoin de certitudes partagées. Peut-on fonder une morale objective, universellement valable, sur la nature humaine, compte tenu notamment de la diversité des cultures ? La philosophie politique est une enquête sur les conditions de possibilité de la vie en commun. La réalité impose ses conditions : l’Etat et les lois font exister la communauté politique, garantissant l’ordre et la paix.  Mais, et c’est ce qui fait le lien entre morale et politique, les hommes n’ont pas simplement besoin d’ordre et de sécurité : ils ont aussi besoin de justice, un idéal qui demande à être défini.

I – La morale

Peut-on réduire le devoir moral à une obligation sociale ?

La conscience morale n’est-elle que le produit de l’éducation ?

La raison peut-elle être au service du mal ?

L’homme n’a-t-il de devoir qu’envers l’homme ?

La conscience du devoir m’autorise-t-elle à juger autrui ?

Faut-il toujours dire la vérité ?

Faut-il respecter la nature ?

Sommes-nous responsables de l’avenir ?

Y a-t-il un devoir de mémoire ?

II – La politique

Peut-il y avoir une société sans État ?

L’État est-il l’ennemi de la liberté ?

Faut-il limiter la liberté d’expression ?

La justice exige-t-elle la fin des inégalités ?

L’État doit-il prendre pour fin le bonheur du peuple ?

Peut-il être juste de désobéir aux lois ?

La guerre peut-elle être juste ?

La justice n’est-elle que le masque de la force ?

Le langage peut-il être un instrument de domination ?

La morale est-elle la meilleure des politiques ?

La diversité des cultures empêche-t-elle de s’accorder sur ce qui est juste ?

L’esthétique (L’Art et le Beau)

L’Art donne lieu à une problématique spécifique. Ll’esthétique est en effet un domaine à part entière de la philosophie, qui comprend l’ensemble des théories relatives au sens ou à la valeur de l’oeuvre d’art.

L’art répond-il à un besoin ?

L’art doit-il toujours plaire ?

L’art peut-il être indépendant de la morale ?

L’art peut-il survivre à la culture de masse ?

L’art nous  détourne-t-il de la réalité ?

L’œuvre d’art a-t-elle toujours un sens ?

Une œuvre d’art est-elle nécessairement belle ?

Religion, travail et technique

Ces trois notions appellent des remarques spécifiques. La religion est une notion transversale, en tant que l’on rencontre la réalité du fait religieux ou de la croyance religieuse dans chacune des grandes catégories de problèmes. Il faut donc distinguer plusieurs types de questions relatives à la religion. Le travail est une notion qui peut donner lieu à des questions relatives soit au problème de la sagesse (sens de la vie, bonheur et liberté), soit au problème de la politique (l’exploitation de l’homme par l’homme, l’inégalité due à la division du travail et au système de production économique). La technique est la notion utilisée pour poser le problème des espérances et des désillusions que fait naître le progrès scientifique et technique moderne. Elle peut notamment être rattachée à la question de l’écologie, au problème théorique et pratique des rapports entre l’homme et la nature.

La religion

Anthropologie et religion

L’humanité peut-elle se passer de religion ?

Raison, vérité, science et religion

La raison s’oppose-t-elle à toute forme de croyance ?

La science peut-elle faire disparaître la religion ?

Peut-on concilier la foi et la raison ?

Peut-on connaître Dieu ?

Morale et religion

La morale peut-elle se passer d’un fondement religieux ?

Politique et religion

Peut-on concilier la liberté et la foi ?

La vérité est-elle l’affaire de l’Etat ?

Le Travail

Travail et sagesse

Doit-on faire du travail une valeur ?

Travail et politique

La division du travail sépare-t-elle les hommes ?

La technique

Le projet de maîtriser la nature est-il raisonnable ?

Faut-il avoir peur du progrès technique ?