Comment commencer ?

Le programme et l’épreuve de philosophie

Le programme du philosophie en terminale est composé de dix-sept notions pour la voie générale et de sept notions pour la voie technologique.

Notions pour la voie technologique : L’art, la justice, la liberté, la nature, la religion, la technique, la vérité.

Notions pour la voie générale : l’art, le bonheur, la conscience, le devoir, l’Etat, l’inconscient, la justice, le langage, la liberté, la nature, la raison, la religion, la science, la technique, le temps, le travail, la vérité.

L’épreuve de philosophie se présente sous la forme d’un choix entre trois sujets : deux des trois sujets sont des questions de dissertation; le troisième est un texte à commenter, accompagné de questions dans la voie technologique. Pour choisir le sujet, Il faut avoir en tête : 1) le fait qu’il faut choisir entre deux types d’exercices différents (dissertation ou commentaire de texte); 2) le fait qu’il faut choisir entre trois problèmes distincts (chaque sujet correspond à un problème spécifique). Les sujets 2022 : pour la voie générale, pour la voie technologique.

Les sujets sont choisis parmi des dizaines de questions et des centaines de textes possibles. Il faut donc se préparer sans savoir à quels sujets s’attendre. Le but n’est pas de vous faire réciter des connaissances mémorisées (même s’il est utile d’avoir des références et des définitions en tête). Comme l’écrit le philosophe allemand Emmanuel Kant : « On n’apprend pas la philosophie. On apprend à philosopher. » L’exercice de la dissertation vise à tester votre capacité à vous débrouiller pour construire un problème et développer une argumentation à partir d’une question dont le sens est au premier abord énigmatique.

Le commentaire de texte teste les même compétences, mais sur la base d’une approche un peu différente. La connaissance de l’auteur n’est pas requise. On ne vous demande donc pas de faire un exposé sur l’auteur, son œuvre ou les quelques idées que vous connaissez de lui. Vous devez montrer votre capacité à lire correctement un texte que vous n’aviez jamais lu avant, votre aptitude à repérer la thèse qu’il défend (l’idée principale), la question à laquelle il répond, l’argumentation mise en oeuvre pour justifier la thèse. Idéalement, il faudrait pouvoir expliquer en quoi la question à laquelle répond le texte est un problème philosophique, en montrant que la thèse est susceptible d’être discutée et qu’il existe d’autres réponses possibles que celle de l’auteur à cette question (un problème est une question à laquelle il y a plusieurs réponses possibles susceptibles d’être justifiées mais aussi de se contredire).

Comme pour la dissertation, on attend de vous moins un exposé de vos connaissances qu’une réflexion bien conduite, sans a priori, ordonnée et cohérente. Un minimum de culture générale et de culture philosophique est toutefois requis pour interpréter le sens des questions de dissertation ou des textes à commenter. Le travail effectué durant l’année a pour but de vous permettre d’aiguiser autant que possible votre aptitude à identifier, distinguer et comprendre les problèmes philosophiques ainsi que votre capacité à analyser ou produire une argumentation. Il importe de ne pas être obsédé par la méthodologie : il faut simplement essayer de faire preuve de bon sens et de suivre le mouvement naturel de la pensée.

 

L’évaluation trimestrielle

L’évaluation trimestrielle est composée de trois notes. Au deuxième et troisième trimestre, il y aura une note de dissertation et une deuxième note portant sur un autre exercice. Au premier trimestre, il n’y aura pas de dissertation. La première évaluation aura lieu avant les vacances de la Toussaint (semaine du 17 au 21 octobre). Il s’agira d’un contrôle de connaissance portant à la fois sur la définition des notions du programme et sur la lecture du roman de Vercors, Les animaux dénaturés. La deuxième évaluation portera sur le texte d’Epicure, la Lettre à Ménécée : il s’agira d’un exercice de réflexion à réaliser durant les vacances de la Toussaint.

La troisième note évaluera le travail effectué en classe, pendant les cours. Elle portera à la fois sur la discipline, l’attention et la participation, le travail effectué (la présence aux devoirs sur table notamment), et sera évolutive après qu’elle aura été établie (probablement avant les vacances de la Toussaint). Attention : cette troisième note n’est pas un permis (d’indiscipline) à points: on ne part pas de la note maximale (20/20), qui serait ensuite amputée de quelques points à chaque acte d’indiscipline. Après avoir été une première fois fixée, sur la base d’une première appréciation de votre disposition à travailler, elle sera ensuite ajustée la hausse ou à la baisse jusqu’au conseil de classe en fonction de votre comportement. Ce réajustement à la hausse ou à la baisse s’opèrera de manière asymétrique : a) Dans la mesure où la discipline et le travail exigent de la constance, l’augmentation de la note ne pourra être que progressive; b) la baisse pourra aussi être progressive, mais un acte d’indiscipline caractérisé pourrait fort bien entraîner une baisse de cinq ou dix points d’un coup. Dans le même esprit, il n’y a pas de remise du compteur à zéro (ou à vingt) en début de trimestre. On repart de la note de la fin du trimestre prédédent, qui est ensuite régulièrement revue à la hausse ou à la baisse.

Important : pensez à vous procurer rapidement les livres qu’il faudra lire au cours du premier trimestre.

TSTI2D et TG :

Vercors, Les animaux dénaturés (Le livre de poche)

Epicure, Lettre Ménécée.

TG uniquement :

Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme (Folio essais)

 

Plan du cours

En bleu : les exemples de questions de dissertation qui se rapportent aux notions du programme de la voie technologique.

Le véritable contenu du cours est moins constitué par les notions du programme que par les problèmes que les questions de dissertation ont pour ambition de formuler. Ces problèmes peuvent être classés (suivant le programme officiel) en trois grandes perspectives : l’existence humaine et la culture; la morale et la politique; la connaissance. Ces perspectives correspondent à peu près aux grandes questions de la philosophie telles que les a présentées le philosophe allemand Emmanuel Kant. Selon celui-ci, la philosophie dans son histoire a traité trois grandes questions, des questions qui relèvent de sa compétence propre : 1) Que puis-je savoir ? 2) Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Ces trois questions se récapitulent et sont englobées dans une grande question générale : Qu’est-ce que l’homme ? On peut donc distinguer quatre catégories de problèmes dans lesquelles ranger les questions et les textes : l’anthroplogie (l’étude de l’homme), la connaissance (le problème de la méthode pour distinguer l’erreur de la vérité), la morale et la politique (le problème de la définition des devoirs de l’homme, du citoyen et de l’Etat), la sagesse (le problème du bonheur ou du sens de la vie, objet de notre espérance).

L’anthropologie (L’existence humaine et la culture)

Cette perspective se rapporte aux notions et problèmes relatifs à la question générale : Qu’est-ce que l’homme ? La philosophie est une anthropologie, une réflexion sur la condition humaine, une étude de la nature humaine. En un sens, tous les problèmes, et donc toutes les notions, se rapportent à ce grand problème qui les récapitule tous. On inscrira néanmoins plus précisément dans cette perspective les questions qui engagent la réflexion sur la différence homme/animal, la réflexion sur le rapport nature/culture : toutes les notions peuvent cependant être mobilisées par cette réflexion sur les facultés (raison, langage, conscience, liberté), idéaux (vérité, justice, liberté et bonheur), et activités (technique, art, politique, religion) qui font apparaître une différence entre la condition humaine et la condition animale. La lecture du livre de Vercors (Les animaux dénaturés, Livre de poche) s’inscrit dans cette perspective.

Exemples de questions de dissertations

L’homme fait-il partie de la nature ?

La nature fait-elle bien les choses ?

Pourquoi refuse-t-on la conscience à l’animal ?

Le langage permet-il de distinguer l’homme de l’animal ?

La morale et la politique

Quoique cette notion ne soit pas au programme, on peut considérer que cette perspective regroupe toutes les questions relatives à la responsabilité : responsabilité morale la personne (vis-à-vis de lui-même, d’autrui, de ses concitoyens, de l’Etat, de la nature, de l’animal, de Dieu), responsabilité de l’Etat, de l’homme d’Etat, du législateur, du juge, du peuple et du citoyen. A la différence de la science, la philosophie est une réflexion sur le devoir-être, c’est-à-dire sur les valeurs ou les idéaux qui animent les hommes. Elle vise à guider l’homme cherchant à répondre à la question : Que dois-je faire ? La philosophie morale est une enquête sur le fondement qui donne son sens à la responsabilité morale. Ce n’est pas un problème pour la religion (le fondement est la volonté ou la loi de Dieu), mais ç’en est un pour la philosophie, puisque celle-ci part de l’esprit critique, c’est-à-dire du doute méthodique, tandis que la morale a besoin de certitudes partagées. Peut-on fonder une morale objective, universellement valable, sur la nature humaine, compte tenu notamment de la diversité des cultures ? La philosophie politique est une enquête sur les conditions de possibilité de la vie en commun. La réalité impose ses conditions : l’Etat et les lois font exister la communauté politique, garantissant l’ordre et la paix.  Mais, et c’est ce qui fait le lien entre morale et politique, les hommes n’ont pas simplement besoin d’ordre et de sécurité : ils ont aussi besoin de justice, un idéal qui demande à être défini.

Exemples de questions de dissertation :

La morale

Peut-on réduire le devoir moral à une obligation sociale ?

La conscience morale n’est-elle que le produit de l’éducation ?

La morale peut-elle se passer d’un fondement religieux ?

La raison peut-elle être au service du mal ?

L’homme n’a-t-il de devoir qu’envers l’homme ?

La conscience du devoir m’autorise-t-elle à juger autrui ?

Faut-il toujours dire la vérité ?

Faut-il respecter la nature ?

Doit-on faire du travail une valeur ?

Sommes-nous responsables de l’avenir ?

Y a-t-il un devoir de mémoire ?

La politique

Peut-il y avoir une société sans État ?

L’État est-il l’ennemi de la liberté ?

Faut-il limiter la liberté d’expression ?

La justice exige-t-elle la fin des inégalités ?

La division du travail sépare-t-elle les hommes ?

L’État doit-il prendre pour fin le bonheur du peuple ?

Peut-il être juste de désobéir aux lois ?

La guerre peut-elle être juste ?

La justice n’est-elle que le masque de la force ?

Le langage peut-il être un instrument de domination ?

La morale est-elle la meilleure des politiques ?

Le projet de maîtriser la nature est-il raisonnable ?

Faut-il avoir peur du progrès technique ?

La diversité des cultures empêche-t-elle de s’accorder sur ce qui est juste ?

La connaissance

Cette perspective inclut toutes les questions qui engagent non pas notre rapport aux valeurs (au devoir-être) mais notre rapport à la connaissance de ce qui est (la connaissance de la réalité). Longtemps, science et philosophie se confondaient, la connaissance de la nature (comprenant celle de l’homme) n’étant qu’une partie de la philosophie, au service de l’éthique (la recherche de la vie bonne ou de la sagesse), elle-même considérée comme la finalité de la connaissance. Aujourd’hui la réflexion sur la connaissance vise principalement à délimiter les frontières entre les différents domaines de la pensée (science, morale, religion), à expliciter la méthode scientifique (esprit critique, théorie et expérience) et à évoquer les dilemmes de la rationalité scientifique (rôle de l’inné et de l’acquis, différence entre sciences de la nature et sciences humaines).

Exemples de questions de dissertation

La vérité peut-elle être provisoire ?

Dire que la vérité est relative, est-ce dire qu’il n’y a pas de vérité ?

Reconnaître la vérité, est-ce renoncer à sa liberté de penser ?

Peut-on être indifférent à la vérité ?

Comment puis-je être sûr de ne pas me tromper ?

Peut-on penser par soi-même ?

La diversité des opinions rend-elle vaine la recherche de la vérité ?

Douter, est-ce renoncer à la vérité ?

Faut-il toujours croire ce que l’on voit ?

Sommes-nous prisonniers du langage ?

N’y a-t-il de vérités que scientifiques ?

Peut-on vérifier une hypothèse scientifique ?

La science peut-elle prévoir l’avenir ?

Peut-il y avoir une science de l’Histoire ?

Peut-on connaître l’inconscient ?

Quelle est la valeur de la science ?

La raison peut-elle tout expliquer ?

Peut-on connaître Dieu ?

La sagesse

Le programme de philosophie « oublie » une perspective pourtant essentielle dans l’histoire de la philosophie, une perspective que la philosophie et la religion ont en commun : la question de la sagesse ou du bonheur, non réductible aux problèmes de la morale et de la politique. Une sagesse religieuse ou philosophique est une réponse à la question : Que m’est-il permis d’espérer ? C’est-à-dire une réponse au problème de la mort : « Philosopher, écrivait Platon, c’est apprendre à mourir ». Pour les Anciens (on nomme ainsi les philosophes de l’antiquité, principalement Grecs ou Romains), la finalité de l’activité philosophique était explicitement la recherche du Souverain Bien. Le Souverain Bien est la fin par rapport à laquelle tout le reste n’est que moyen, la fin en soi. Selon les Anciens, cette fin, pour tout homme, pour le sage comme pour « l’insensé » (l’imbécile), est le bonheur. On désire être heureux pour être heureux, non parce que le bonheur est un moyen utile pour obtenir autre chose. Le bonheur est cependant un problème, car nos désirs et nos espoirs s’avèrent souvent être des illusions, et parce que le malheur semble inévitable, ne serait-ce qu’en raison de la finitude (tout a une fin, y compris la vie elle-même, qui est relativement brève). La finalité de la philosophie pour les Anciens étaient de définir, sur la base d’une connaissance lucide de la nature humaine, une « éthique », c’est-à-dire une doctrine de la bonne manière de vivre pour vivre heureux, « comme un dieu parmi les hommes », selon la formule d’Epicure. La notion d’éthique étant aujourd’hui un synonyme de « morale », on peut s’en tenir au terme de « sagesse » pour désigner la visée de l’enquête philosophique au sujet du bonheur. En dépit de l’oubli de cette perspective, certaines notions du programme (le bonheur et le temps notamment, mais aussi le travail et la liberté) induisent des questions de dissertation qui s’y rapportent. On peut ajouter que la question de la sagesse (ou du salut) constitue le coeur du débat entre la philosophie et la religion, deux voies distinctes, la raison et la foi (selon que l’on s’autorise ou non un discours sur « l’au-delà » de la vie terrestre de l’individu), s’offrant pour répondre à la question de l’espérance.

Bonheur et sagesse

Le bonheur est-il une question de chance ?

Faut-il satisfaire tous ses désirs pour être heureux ?

L’homme s’accomplit-il par le travail ?

Le bonheur est-il un idéal égoïste ?

Le bonheur est-il le bien suprême ?

Faut-il préférer la vérité au bonheur ?

Temps et sagesse

Sait on vivre au présent ?

Peut-on espérer échapper au temps ?

Faut-il renoncer au désir d’immortalité ?

Liberté et sagesse

Peut-on avoir peur d’être libre ?

S’engager, est-ce perdre ou affirmer sa liberté ?

J’ai distingué sur le blog non pas trois ni quatre mais huit rubriques (huit grandes « problématiques » ou groupes de questions). J’ai distingué morale et politique, dans la mesure où il y aura un cours de philosophie morale et un cours de philosophie politique, les deux domaines de problèmes étant liés mais cependant différents et susceptibles de donner lieu à de nombreux sujets. L’Art donne lieu à une problématique spécifique (l’esthétique est une domaine particulier de la philosophie, qui comprend l’ensemble des théories relatives au sens ou à la valeur de l’oeuvre d’art). La notion de libre-arbitre (un des sens possibles de la notion de liberté, donne lieu à l’un des débats philosophiques les plus important concernant la nature humaine : le débat entre liberté et déterminisme. Ce débat concerne donc au premier chef l’anthropologie (la question « Qu’est-ce que l’homme ?), mais aussi, on le verra, la morale, le droit, la sagesse et la connaissance. Compte tenu de sa complexité, ce problème sera examiné pour lui-même, indépendamment des autres. Enfin, la religion est elle aussi plus qu’une notion : en tant que la philosophie doit s’expliquer avec la religion sur l’ensemble des questions dont elle traite (l’anthropologie, le rapport à la vérité, le problème des fondements de la morale et de la politique, la question de l’espérance), il faut considérer que la religion, le rapport entre la raison et la foi, constitue un problème qu’il faut considérer à la fois en lui-même et en lien avec l’ensemble des autres problèmes.

Exemples de questions de dissertation

L’Art et le Beau

L’art répond-il à un besoin ?

L’art doit-il toujours plaire ?

L’art peut-il être indépendant de la morale ?

L’art peut-il survivre à la culture de masse ?

L’art nous  détourne-t-il de la réalité ?

L’œuvre d’art a-t-elle toujours un sens ?

Une œuvre d’art est-elle nécessairement belle ?

Liberté et déterminisme

Suis-je responsable de ce dont je n’ai pas conscience ?

Expliquer, est-ce justifier ?

L’hypothèse de l’inconscient est-elle conciliable avec la croyance au libre-arbitre ?

Peut-on se libérer de sa culture ?

Le libre-arbitre est-il une illusion de la conscience ?

Raison et religion

Peut-on concilier la foi et la raison ?

Peut-on concilier la liberté et la foi ?

La raison s’oppose-t-elle à toute forme de croyance ?

La science peut-elle faire disparaître la religion ?

La vérité est-elle l’affaire de l’Etat ?

L’humanité peut-elle se passer de religion ?