Définitions à apprendre (TSTI2D)

Il faut apprendre ce qui est écrit en gras : les définitions et quelques citations. Les définitions correspondent aux usages philosophiques des notions, lesquelles désignent des objets de la réflexion en philosophie. Ces définitions serviront d’outil pour l’analyse des textes et, surtout, pour l’interprétation du sens des questions de dissertation.

La Nature

La notion de nature désigne une réalité, voire la réalité tout entière. On peut cependant distinguer trois usages de la notion, auxquels correspondent les trois significations différentes qu’on peut lui donner.

1) Le Tout dont l’homme est une partie.

Remarques – 1) En ce sens « nature » s’oppose à « surnature ». La nature désigne la totalité du monde matériel (le monde physique), auquel on peut éventuellement opposer une réalité supranaturelle, métaphysique (une réalité constituée de forces occultes, invisibles, ou située au-delà des limites du monde naturel). Le Dieu du monothéisme, par exemple, se définit par la transcendance, ce qui signifie qu’il est au-delà des limites du monde naturel, hors l’espace et le temps, par-delà le Ciel et la Terre : en tant que Créateur du monde, il est par définition hors du monde, l’être supranaturel par excellence. 2) Nature a pour synonymes univers (ce qui contient tout) ou monde (cosmos en grec, mundus en latin). Lorsqu’on évoque les rapports de l’homme à la Nature, notamment dans le discours de l’écologie, on se limite cependant, par la notion de Nature, à désigner l’écosystème de l’homme, la biosphère, c’est-à-dire le monde de la vie sur Terre : la biodiversité ainsi que les conditions physico-chimiques (l’athmosphère, l’oxygène) dont la vie dépend. Le Tout dont l’homme est une partie désigne de ce point de vue le milieu ou système naturel qui a rendu la vie possible sur Terre et qui apparaît nécessaire à sa conservation.

2) La réalité qui n’est pas fabriquée ou transformée par l’homme : ce qui est donné ou présent avant toute intervention humaine; ce qui est inné (donné ou présent à la naissance) par opposition à l’acquis. La nature en ce sens désigne la réalité qui s’auto-produit par opposition à la réalité produite par l’homme au cours de l’histoire de la civilisation : natura en latin, physis en grec, sont des termes qui dérivent d’un verbe signifiant à la fois naître et croître; ils désignent un processus de production spontané, celui du vivant, qui ne dépend pas de l’homme. La notion de nature, en ce sens, a pour antonymes l’art (l’activité fabricatrice de l’homme) ou la culture (le monde humain en tant qu’il est historiquement produit, produit par l’homme et non par la nature).

3) L’essence d’un être, c’est-à-dire les caractéristiques qui le constituent essentiellement, permettant de l’identifier et de le distinguer des autres êtres. Bien entendu, un être naturel tient sa « nature » du fait qu’il est une partie de la nature, mais il est possible, par extension, de parler de la nature d’un être métaphysique ou imaginaire. La « nature humaine » est un problème philosophique, en raison de la double nature de l’homme, à la fois corps vivant produit par la nature et être « civilisé » construit par la culture, c’est-à-dire produit par la libre activité qui permet à l’humanité de transformer sa condition dans le temps.

La religion

La notion de religion désigne un fait historique observable dans les sociétés humaines. Il s’agit donc de définir le fait religieux tel que les historiens, sociologues ou ethnologues s’efforcent de le décrire, de l’expliquer et de le comprendre. Pour établir la définition, il faut tenter d’identifier les caractéristiques essentielles du fait religieux, communes à toutes les religions.

Définition :

Une religion est un système de croyances et de pratiques qui se rapportent au surnaturel et qui unissent une communauté humaine.

La vérité

La notion de vérité désigne l’idéal de la connaissance, c’est-à-dire l’idéal de la raison, qui est la faculté de penser ou de connaître. En ce sens, la vérité a pour antonyme (mot de sens opposé) l’erreur. Les notions de vérité et d’erreur caractérisent une pensée (ce que je pense) ou un énoncé (ce que je dis), soit du point de vue du rapport à la réalité, soit du point de vue logique. Il faut en conséquence donner deux définitions de la vérité.

Définitions :

1) L’accord de la pensée avec son objet. La vérité est l’adéquation au réel. Une proposition qui affirme ou nie une réalité est vraie si elle correspond à la réalité telle qu’elle est.

Exemples : « La Terre est de forme sphérique » est une proposition vraie. La proposition « La Terre est plate » est une erreur, ce qui signifie qu’elle ne correspond pas à la réalité. Remarque : Une proposition est l’énoncé d’une idée (pensée, croyance). Lorsqu’il est question de la réalité, une proposition énonce un jugement de réalité, une affirmation ou une négation qui porte sur un aspect de la réalité.

2) L’accord de la pensée avec elle-même. La vérité est la cohérence logique (la non contradiction). Une proposition vraie, en ce sens, est une proposition cohérente, non contradictoire.

Exemple : « Le cercle est carré » est une proposition autocontradictoire.

Remarques : 1) L’antonyme de la vérité au sens de la cohérence logique est l’erreur logique, la contradiction. 2) Une proposition peut être vraie au sens 2 (cohérente) et fausse au sens 1 (en contradiction avec la réalité); c’est le cas, par exemple, de la proposition « La Terre est plate ». 3) Le critère de la cohérence logique s’applique principalement à un ensemble de propositions (théorie) ou à un enchaînement de propositions (démonstration, argumentation) : la cohérence d’une théorie, d’une démonstration ou d’une argumentation tient au fait que les propositions formulées ne sont pas contradictoires entre elles.

La Technique

En tant que synonyme du mot art dans son usage ancien (ars, en latin et art en français traduisent le grec tekhnè), la notion de technique désigne ordinairement l’habileté dans la mise en oeuvre des règles et des procédés qui permettent de réaliser un ouvrage ou d’obtenir un résultat. La Technique (avec un T majuscule) peut aujourd’hui désigner plus spécifiquement les caractéristiques modernes de l’activité technique. A l’époque moderne, la technique ne désigne plus l’art au sens traditionnel, le savoir-faire de l’artisan, du cultivateur ou de l’éleveur traditionnels mais la technologie en tant qu’elle est l’oeuvre des ingénieurs, le produit dérivé du développement de la science moderne.

Définitions :

1) L’activité fabricatrice de l’homme, ainsi que le savoir-faire ou habileté de l’homme de l’art. L’art ou la technique désigne l’habileté dans la mise en oeuvre des règles et des procédés qui permettent de réaliser un ouvrage ou d’obtenir un résultat.

2) La Technoscience, c’est-à-dire la science appliquée, le pouvoir technique dérivé du progrès scientifique qui est au fondement des révolutions industrielles modernes. La définition vise à spécifier ce qui distingue la technique moderne, à l’âge industriel, des arts ou techniques traditionnels. La différence est d’apparence quantitative, un plus grand pouvoir technique de l’humanité, une accélération du rythme de l’innovation technique, mais en réalité, la différence est qualitative : elle est liée à une transformation du rapport de l’homme à la nature, sur le plan à la fois théorique (l’avènement d’une véritable science de la nature) et pratique (le renversement du rapport de domination entre l’homme et la nature). La science moderne se distingue par le fait qu’elle rend possible le progrès de la connaissance de la nature, donc également celui de la maîtrise et de l’exploitation techniques de la nature. La Technique, au sens de la faculté technique moderne, désigne le nouveau pouvoir technique de l’homme dans la Nature, pouvoir constitué par les innovations technologiques qui naissent du progrès scientifique.

L’Art

En tant que synonyme du mot technique dans son usage ancien (ars, en latin et art en français traduisent le grec tekhnè), la notion d’art désigne ordinairement l’habileté dans la mise en oeuvre des règles et des procédés qui permettent de réaliser un ouvrage ou d’obtenir un résultat. La notion d’Art (avec un A majuscule) désigne aujourd’hui plus spécifiquement l’activité de l’artiste. La question de savoir s’il est légitime de distinguer l’activité de l’artiste des autres arts pourrait se poser : en un sens, l’artiste reste un artisan parmi d’autres, un homme de l’art, c’est-à-dire quelqu’un qui possède une forme d’habileté, de savoir-faire, une maîtrise technique. L’artiste ne se distingue que par la fin (ou finalité) de son activité, la qui ne répond pas à une demande économique. L’oeuvre d’art n’est pas considérée comme une marchandise ordinaire qui vient satisfaire une besoin ou un désir. Même s’il fait de son art un métier, l’artiste n’est pas considéré comme un travailleur ou un producteur. Bien entendu, cela pourrait se discuter, puisque l’économie intègre l’art. Mais la discussion porte précisément sur ce point : ce qui fait essentiellement le sens et la valeur de l’oeuvre d’art et de la pratique artistique. Distinguer l’Art des autres activités productrices suppose de reconnaître le fait que la création artistique est à elle-même sa propre fin, en fonction d’un idéal esthétique qu’il faut définir. L’artiste, autrement dit, est celui crée pour créer, même s’il espère rencontrer un public et pouvoir vivre de son art.

Définitions :

1) L’activité fabricatrice de l’homme, ainsi que le savoir-faire ou habileté de l’homme de l’art. L’art ou la technique désigne l’habileté dans la mise en oeuvre des règles et des procédés qui permettent de réaliser un ouvrage ou d’obtenir un résultat.

2) L’activité créatrice de l’artiste, qui est à elle-même sa propre fin selon un idéal esthétique. La définition vise à spécifier ce qui distingue l’artiste de l’artisan, l’oeuvre d’art d’un ouvrage quelconque réalisé au moyen d’une technique de fabrication. L’artiste ne produit pas un objet utile, qui répond à une demande pré-existante, à la différence de l’artisan ou de l’ingénieur. Il crée pour créer, en obéissant à la seule logique de la création artistique. Néanmoins, cette activité créatrice et l’oeuvre qu’elle produit ont un sens, donné par un idéal esthétique présent chez l’auteur et chez le spectateur. La réflexion sur l’Art est une réflexion sur l’idéal de l’Art, l’idéal esthétique à partir duquel il est possible de juger la valeur des oeuvres d’Art.

La justice

On peut distinguer trois usages de la notion de justice : 1) au sein des institutions de l’État, la justice désigne l’institution judiciaire, le pouvoir des juges, dont la fonction est de faire respecter les lois de l’État en sanctionnant leur transgression; 2) la notion désigne également une vertu (qualité morale), l’une des quatre vertus cardinales distinguées par les penseurs Grecs (avec le courage, la tempérance et la prudence), la vertu nécessaire au juge, au politique et à tout honnête homme, qui consiste à réaliser un partage objectif, un partage qui fasse abstraction des préférences subjectives, des intérêts et des passions; 3) la conception de la justice comme vertu est indissociable de la conception de la justice comme idéal moral de l’État, le pouvoir politique ayant pour fonction, au moyen des lois qu’il produit et impose à la société, de faire régner la justice, c’est-à-dire d’organiser une société juste.

Il existe un lien entre ces trois usages de la notion de justice, de sorte que l’on peut donner une définition unique de l’idée de justice. Le juge fait partie de l’État, lequel est législateur, c’est-à-dire auteur des lois qui établissent le juste et l’injuste dans une société. En outre, la justice doit pouvoir au premier abord se définir de la même façon qu’elle désigne l’homme juste ou l’Etat juste.

Définition :

La justice consiste à donner à chacun la part qui lui revient en respectant le principe d’égalité.

Commentaire :

Aristote définissait ainsi le juste et l’injuste : « Le juste est ce qui est conforme à la loi et ce qui respecte l’égalité, et l’injuste ce qui est contraire à la loi et ce qui manque à l’égalité« . Cette définition contient deux idées qui sont indissociables mais qu’il faut cependant distinguer:

1) Le juste est ce qui est conforme à la loi, parce que la loi est ce qui définit le juste et l’injuste dans une société, ce qui implique qu’il est toujours juste de lui obéir et toujours injuste de la transgresser.

2) Le juste est ce qui respecte l’égalité. L’idée de justice se confond avec celle d’égalité. Mais précisément, l’idée d’égalité peut ainsi constituer une critère permettant de juger les lois qui ont pour fonction d’établir l’égalité dans la société. La loi peut donc être injuste, dans sa conception ou dans son application, si elle ne respecte pas le principe d’égalité.

De la notion de justice définie par Aristote, on peut déduire qu’il faut toujours obéir à la loi et qu’il faut peut-être parfois la contester au nom d’un idéal d’égalité supérieur à la loi. Pour exprimer ces deux idées contradictoires d’une justice définie par la loi et d’une justice supérieure à la loi, la tradition philosophique a forgé deux notions de « droit », le droit positif et le droit naturel (du point de vue étymologique, justice et droit sont des synonymes, puisque droit se dit « jus » en latin) : le droit tel qu’il est et le droit tel qu’il devrait être, le fait et l’idéal du droit.

Définitions :

Le droit positif est le droit existant qui définit la légalité, le droit constitué par l’ensemble des lois d’un État dans une société et une époque particulières.

Le droit naturel est l’idéal du droit universellement valable tel que la raison peut le définir et qui définit le critère de la légitimité des lois et du pouvoir politique.

Une conception du droit naturel est une théorie de la justice qui se veut rationnelle et universelle (valable pour tous les hommes, en tout lieu et en tout temps). La légitimité des lois et du pouvoir, c’est-à-dire leur justification et leur acceptation par le peuple, suppose que ces lois et ce pouvoir apparaissent plus ou moins conformes à un idéal de justice. On peut donc considérer qu’une théorie de la justice ou du droit naturel définit les critères de la légitimité du pouvoir politique.

Il existe une diversité de théories de la justice, du fait que l’idée d’égalité qui définit la justice est elle-même complexe en dépit de son apparente simplicité. Le principe d’égalité désigne l’obligation morale de l’égale considération de toutes les personnes. Ce principe se décline cependant en deux principes distincts et potentiellement contradictoires : l’égalité stricte et l’équité.

Définitions :

1) L’égalité stricte est le traitement égal, le traitement identique pour toutes les personnes. Elle exige de donner la même part à tous. Exemples : le partage du gâteau d’anniversaire, le principe d’égalité devant la loi, le principe de l’égalité en droits, celui de l’égalité dans l’échange, le principe démocratique du suffrage universel (« un homme, une voix »).

2) L’équité est le traitement différencié en fonction de la différence des situations. Elle exige de donner à chacun une part différente, en respectant un principe d’égalité proportionnelle (donner plus à ceux qui ont moins, ou donner plus à ceux qui méritent plus). Exemples : la distribution des notes par les professeurs, la prime au mérite, l’individualisation des peines par le juge, l’impôt progressif sur le revenu, la discrimination positive.