Le troisième paragraphe regroupe les troisième et quatrième parties du textes, lesquelles ont pour thème commun la réponse aux objections formulées contre la proposition de réduire le temps de travail.
La technique moderne permet de produire autant ou plus en travaillant moins. Une innovation permettant de doubler la production d’épingles, par exemple, devrait conduire à diviser par deux le temps de travail nécessaire à satisfaire la demande d’épingles dans le monde, si toutefois la consommation reste constante. Dans l’économie réelle, la somme de loisir générée par les gains de productivité ne bénéficie pas également à tous : les uns continuent de travailler huit heures par jour, tandis que les autres sont condamnés au chômage.
Le travail n’est pas le but de la vie. Deux facteurs ont conduit à masquer cette vérité et à faire passer le travail pour une valeur : en tout temps, les riches ont eu intérêt à prêcher la morale du travail pour s’arroger le privilège du loisir ; la modernité a ajouté le culte de la maîtrise de la nature grâce au progrès scientifique et technique. En dépit des efforts pour valoriser le travail, les ouvriers continuent néanmoins de penser que le travail sert à gagner sa vie et que c’est du loisir que nous tirons notre bonheur.
L’idéal serait de travailler quatre heures par jour. L’objection selon laquelle les hommes ne sauraient quoi faire du temps restant ne tient pas. Elle procède du refus de reconnaître la valeur et le sens du loisir. Il faudrait, d’une part, valoriser le simple plaisir de la consommation, qui est la véritable finalité sociale du travail, alors que la recherche du profit qui motive l’industrie conduit à faire de la production une fin en soi. D’autre part, il faudrait que l’éducation permettent à tous de faire un usage intelligent du loisir. Si le travail ne les épuise pas, les gens ne se seront plus condamnés à consacrer leur loisir au repos et au divertissement, de sorte que la réduction du temps de travail pourrait favoriser la création culturelle et les activités d’intérêt public, contribuant ainsi au progrès de la société.