Les notions

La culture
Le langage (ES exclusivement)
L’art
Le travail et la technique
La religion
L’histoire (ES exclusivement)
Le sujet
La conscience
L’inconscient
Autrui (ES exclusivement)

Définition :

L’alter ego. Autrui est à la fois l’autre et mon semblable, l’autre homme, quel qu’il soit (le prochain). Alter ego signifie l’autre Moi, l’autre qui est comme moi un Moi, c’est-à-dire un sujet doté de conscience de soi (une subjectivité, une personne).

Texte : l’intersubjectivité (relation de Moi à Autrui) source des passions (amour et haine)

« Tout enfant s’attache à sa nourrice : Romulus devait s’attacher à la louve qui l’avait allaité. D’abord cet attachement est purement machinal. Ce qui favorise le bien-être d’un individu l’attire; ce qui lui nuit le repousse : ce n’est là qu’un instinct aveugle. Ce qui transforme cet instinct en sentiment, l’attachement en amour, l’aversion en haine, c’est l’intention manifestée de nous nuire ou de nous être utile. On ne se passionne pas pour les êtres insensibles qui ne suivent que l’impulsion qu’on leur donne; mais ceux dont on attend du bien ou du mal par leur disposition intérieure, par leur volonté, ceux que nous voyons agir librement pour ou contre, nous inspirent des sentiments semblables à ceux qu’ils nous montrent. Ce qui nous sert, on le cherche, mais ce qui nous veut servir, on l’aime. Ce qui nous nuit, on le fuit; mais ce qui nous veut nuire, on le hait. » (Jean-Jacques Rousseau)

Le désir

La raison et le réel
La vérité

Définitions :

A) La vérité est l’accord de la connaissance avec l’objet, c’est-à-dire l’adéquation du discours (affirmation, hypothèse ou théorie) au réel. C’est la définition la plus commune de la vérité : tout propos qui affirme ou nie quelque chose est dit « vrai » s’il correspond à la réalité. C’est également la définition de la vérité dans les sciences : l’objet de la connaissance scientifique est la réalité; hypothèses et théories sont dites « vraies » si les descriptions les explications du réel qu’elles contiennent correspondent à la réalité telle qu’elle est.

« Dire de ce qui est que cela n’est pas, ou de ce qui n’est pas que cela est, c’est le faux; dire de ce qui est que cela est, et de ce qui n’est pas que cela n’est pas, c’est le vrai » (Aristote)

B) La vérité est l’accord de la pensée avec elle-même (la cohérence). La vérité est l’idéal de la pensée, en tant que celle-ci se fonde sur le principe de non-contradiction. En ce sens, un discours peut être vrai, qu’il soit ou non en rapport avec la réalité. La vérité d’une démonstration mathématique ou d’un raisonnement scientifique ou philosophique est, en ce sens, constituée par sa cohérence (l’absence de contradiction logique dans l’enchaînement des idées). Dans le rapport au réel, la non-contradiction n’est toutefois qu’un critère négatif de la vérité, nécessaire mais non suffisant : « une connaissance qui se contredit est assurément fausse; une connaissance qui ne se contredit pas n’est pas toujours vraie. » (Kant).

« Il est impossible qu’un même attribut appartienne et n’appartienne pas en même temps et sous le même rapport, à une même chose. » (Aristote)

Attention !

a) Les termes « vérité » et « réalité » ne sont pas interchangeables. La réalité est ce qu’elle est, identique pour tous, que nos croyances à son sujets soient vraies ou fausses. Comme l’écrit Kant, « l’erreur comme la vérité n’a lieu que dans les jugements ». Le réel n’est ni vrai, ni faux, il est ce qu’il est. Le problème de la vérité est celui du critère qui permet de distinguer le vrai du faux dans les jugements, la connaissance objective de la croyance simplement subjective.

b) La vérité a pour contraire l’erreur, non le mensonge. Un jugement de réalité (affirmation ou négation à propos du réel) est vrai ou faux (erroné), qu’il soit prononcé dans le for intérieur de la conscience ou devant autrui.  Prononcé devant autrui, un propos erroné n’est pas un mensonge si l’on exprime de bonne foi ce qu’on estime être vrai. Le mensonge est l’acte qui consiste, à seule fin de le tromper, à travestir ce qu’on estime être vrai dans la parole que l’on adresse à autrui. Le contraire du mensonge est la véracité (l’adéquation de la parole à la pensée).

Texte 1 : Le problème de la vérité

La vérité, dit-on, consiste dans l’accord de la connaissance avec l’objet. Selon cette simple définition de mot, ma connaissance doit donc s’accorder avec l’objet pour avoir valeur de vérité. Or le seul moyen que j’ai de comparer l’objet avec ma connaissance c’est que je le connaisse. Ainsi ma connaissance doit se confirmer elle-même; mais c’est bien loin de suffire à la vérité. Car puisque l’objet est hors de moi et que la connaissance est en moi, tout ce que je puis apprécier c’est si ma connaissance de l’objet s’accorde avec ma connaissance de l’objet. Les anciens appelaient diallèle un tel cercle dans la définition. Et effectivement c’est cette faute que les sceptiques n’ont cessé de reprocher aux logiciens; ils remarquaient qu’il en est de cette définition de la vérité comme d’un homme qui ferait une déposition au tribunal et invoquerait comme témoin quelqu’un que personne ne connaît, mais qui voudrait être cru en affirmant que celui qui l’invoque comme témoin est un honnête homme. Reproche absolument fondé, mais la solution du problème en question est totalement impossible pour tout le monde. En fait la question qui se pose ici est de savoir si, et dans quelle mesure il y a un critère de la vérité certain, universel, et pratiquement applicable. Car tel est le sens de la question : qu’est-ce que la vérité ? (Emmanuel KANT)

Texte 2 : Le problème de la vérité

Les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humain et ne sont pas, comme on pourrait le croire, uniquement déterminés par le monde extérieur. Dans l’effort que nous faisons pour comprendre le monde, nous ressemblons quelque peu à l’homme qui essaie de comprendre le mécanisme d’une montre fermée. Il voit le cadran et les aiguilles en mouvement, il entend le tic-tac, mais il n’a aucun moyen d’ouvrir le boîtier. S’il est ingénieux il pourra se former quelque image du mécanisme, qu’il rendra responsable de tout ce qu’il observe, mais il ne sera jamais sûr que son image soit la seule capable d’expliquer ses observations. Il ne sera jamais en état de comparer son image avec le mécanisme réel, et il ne peut même pas se représenter la possibilité ou la signification d’une telle comparaison. Mais le chercheur croit certainement qu’à mesure que ses connaissances s’accroîtront, son image de la réalité deviendra de plus en plus simple et expliquera des domaines de plus en plus étendus de ses impressions sensibles. Il pourra aussi croire à l’existence d’une limite idéale de la connaissance que l’esprit humain peut atteindre. Il pourra appeler cette limite idéale la vérité objective. (Albert Einstein et Léopold Infeld – L’Évolution des idées en physique)

La démonstration
L’interprétation (ES exclusivement)
La matière et l’esprit
Le vivant (S exclusivement)
L’expérience (Sti exclusivement)

Définitions

A) Pour le sens commun, l’expérience est : 1) ce qui est vécu ou éprouvé par un sujet (une conscience); 2) l’apprentissage par la pratique, l’épreuve de la confrontation avec un problème à résoudre; 3) le savoir ou savoir-faire accumulé au cours du temps (par le « vécu ») à l’épreuve des difficultés.

B) Pour la théorie de la connaissance, l’expérience est 1) l’accès au réel par l’intermédiaire des sens, de la perception (l’expérience peut être interne ou externe selon que la réalité perçue est en nous ou hors de nous); 2) l’expérimentation (l’expérience scientifique), c’est-à-dire une expérience construite qui est l’expression d’une méthode (la méthode expérimentale) intégrant non seulement l’observation (la perception sensible) mais aussi l’activité de la raison (questionnement, conception des hypothèses et du moyen de les tester).

La croyance (STi exclusivement)

Définitions : 

Le jugement (affirmation ou négation) qui, faute de preuve, ne peut prétendre être une connaissance. Il existe trois types de croyances, ou trois sens distincts de la notion de croyance:

A) Le préjugé ou croyance dogmatique, c’est-à-dire la certitude qui précède tout examen par la raison ; croire, en ce sens, c’est croire savoir sans savoir, en ignorant son ignorance.

B) L’hypothèse, c’est-à-dire le jugement provisoire et incertain ; croire, en ce sens, c’est croire en doutant, en sachant qu’on ne sait pas et dans l’attente du savoir (de la preuve). La méthode scientifique ne peut se passer d’hypothèses, c’est-à-dire de croyances rationnelles. L’hypothèse (la croyance rationnelle) devient connaissance lorsqu’elle résiste aux tests empiriques (observations) destinés à la réfuter.

C) La foi, c’est-à-dire la croyance métaphysique ; croire, en ce sens, c’est croire sans savoir ni pouvoir savoir. La foi se distingue du simple préjugé en ce qu’elle est conciliable avec le doute. Selon l’étymologie (fides en latin signifie « confiance »), la foi est une manière de surmonter le doute par la confiance, en l’absence de preuve. Par définition, puique la science ne s’occupe que de la réalité naturelle, il n’existe pas de preuves scientifiques dans le domaine métaphysique : on ne peut prouver ni que Dieu existe, ni qu’il n’existe pas. La certitude de la conviction en matière métaphysique, où la preuve et le savoir sont impossibles, ne peut donc se fonder que sur un acte de foi.

La politique
La société
Les échanges (ES exclusivement)
La justice et le droit
L’État

La morale
La liberté

Texte

Dostoïevski avait écrit : ‘Si Dieu n’existe pas, tout serait permis’. C’est là le point de départ de l’existentialisme. En effet tout est permis si Dieu n’existe pas, et par conséquent l’homme est délaissé, parce qu’il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de s’accrocher. Il ne trouve d’abord pas d’excuses. Si, en effet, l’existence précède l’essence, on ne pourra jamais expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée; autrement dit, il n’y a pas de déterminisme, l’homme est libre, l’homme est liberté. Si, d’autre part, Dieu n’existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite. Ainsi nous n’avons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine numineux des valeurs, des justification ou des excuses. Nous sommes seuls, sans excuses. C’est que j’exprimerai en disant que l’homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté dans le monde il est responsable de tout ce qu’il fait. L’existentialiste ne croit pas à la puissance de la passion. Il ne pensera jamais qu’une belle passion est un torrent dévastateur qui conduit fatalement l’homme à certains actes, et qui, par conséquent, est une excuse. Il pense que l’homme est responsable de sa passion. L’existentialiste ne pensera pas non plus que l’homme peut trouver un secours dans un signe donné, sur terre, qui l’orientera; car il pense que l’homme déchiffre lui-même le signe comme il lui plaît. Il pense donc que l’homme, sans aucun appui et sans aucun secours, est condamné à chaque instant à inventer l’homme. (Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme).

Le devoir

Définition

L’obligation, morale ou juridique. Agir par devoir consiste à agir non par intérêt ou en suivant son désir mais en obéissant à une loi. A) Le devoir du citoyen est l’obéissance à la loi de l’Etat. B) Le devoir moral est l’obéissance à une loi non écrite, dont la source apparente est la conscience. Agir par devoir consiste à agir par respect pour une loi morale, une loi de la conscience. Le paradoxe de l’obligation morale tient au fait que celle-ci ne vient pas d’une autorité mais de soi-même (la conscience).

Texte

Si le bonheur général ou particulier est la pierre de touche du devoir, il est impossible de déterminer ce qu’est ce dernier. Non seulement le bonheur peut être variable en lui-même, mais il est nécessairement différent dans l’imagination de chaque individu. Le devoir est donc moulé au gré de chaque tête individuelle. Il y a plus, le devoir, devenant un calcul du bonheur, n’est plus un devoir. Chacun a le droit de faire le mal, s’il veut renoncer aux avantages du bien, ou courir le risque des conséquences du mal. Un homme n’est pas immoral pour avoir fait un mauvais marché, même sciemment. Aussi la morale fondée sur le bonheur n’a aucune base fixe. Le devoir ou le bien moral doit être absolument étranger aux conséquences et aux calculs.  Ce doit être une idée isolée, indépendante et immuable ou ce n’est qu’un mot vide de sens et susceptible de tous les sens partiels que les passions, la courte vue ou l’exaltation peuvent lui donner. Mais une idée abstraite, isolée, indépendante, inflexible et immuable est-elle propre à être mise en usage et en circulation parmi les hommes ? Le soleil existerait quand tout le genre humain serait aveugle, mais que dirait-on d’un aveugle qui voudrait faire connaître le soleil aux aveugles ses confrères et leur persuader de ne se conduire que par sa lumière? Le soleil existe et les aveugles existent, mais on cherche en vait d’établir des rapports entre eux et lui. La justice existe ainsi que les hommes, mais je ne vois pas la chaîne qu’on voudrait établir entre elle et eux. (Benjamin Constant)

Le bonheur

Définitions : 

A) La complète et durable satisfaction de son état.

B) Suivant l’étymologie, le bonheur (composé de l’adjectif bon et d’heur, qui veut dire « chance »)  a pour sens la chance favorable, l’évènement heureux, la faveur du destin, la bonne fortune par opposition à la mauvaise fortune.

Texte : universalité du désir d’être heureux et de l’insatisfaction

Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Il tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre et que les autres n’y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues. La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes. Jusqu’à ceux qui vont se pendre. Et cependant depuis un si grand nombre d’années jamais personne, sans la foi, n’est arrivé à ce point où tous visent continuellement. Tous se plaignent, princes, sujets, nobles, roturiers, vieux, jeunes, forts, faibles, savants, ignorants, sains, malades, de tous pays, de tous les temps,  de tous âges et de toutes conditions. Une épreuve si longue, si continuelle et si uniforme devrait bien nous convaincre de notre impuissance d’arriver au bien par nos efforts. Mais l’exemple nous instruit peu. Il n’est jamais de si parfaitement semblable qu’il n’y ait quelques délicates différences, et c’est de là que nous attendons que notre attente ne sera pas déçue en cette occasion comme en l’autre. Et ainsi, le présent ne nous satisfaisant jamais, l’expérience nous dupe, et de malheur en malheur nous mène jusqu’à la mort qui en est un comble éternel. (Blaise Pascal)